Image et politiques

Apparence, beauté et politique

Un brushing irréprochable, un maquillage étudié. Tous les mardis et mercredis, c’est le même rituel, le même passage obligé chez le coiffeur de l’assemblée pour la transmission télé des questions d’actualité au gouvernement.

Si d’aucuns trouvent cette préoccupation futile, c’est en réalité une arme de communication massive. A l’heure où les élections municipales approchent, on se pose la question, faut-il être beau pour être élu ?

La mode s’est en effet depuis quelques temps, incrustée dans le débat.  Le look des candidats est devenu un véritable enjeu médiatique. Depuis un moment déjà les magazines féminins décortiquent le style des femmes au pouvoir. Ce qui est nouveau c’est que le look des hommes passionne aussi les médias.

Tous savent en effet qu’une apparence soignée, cela compte pour gagner une élection, notamment les voix des plus indécis. Pour autant, très peu encore aujourd’hui, oseront l’avouer.

 

Dirigeant, candidat, maire, président, nul ne peut ignorer les études menées aux Etats-Unis, qui ont prouvé l’impact d’un physique séduisant sur le choix fait dans l’isoloir. Selon la dernière en date, menée sur plusieurs années par l’économiste Daniel S. Hamermesh, les candidats à une élection ont 56% de chances de gagner s’ils sont beaux, contre 44% pour leurs rivaux moins séduisants.

« Pourquoi les électeurs ne serait-il pas influencés par la beauté d’un candidat, explique Jean-François Amadieu, alors que toutes les études prouvent que des employeurs le sont quand il s’agit de recruter ? Si un candidat obéit aux standards de la belle apparence – bonne taille, pas de surpoids, bonne santé, forme physique, visage bronzé et élégance vestimentaire –, il part forcément avec une longueur d’avance. »* Les professionnels de la communication politique le savent : sur une affiche électorale, une apparence peu soignée, à de rares exceptions près, est rédhibitoire.

Et aujourd’hui de plus en plus de politiques l’ont bien compris.

Ainsi, en 2007, les médias n’ont pas hésité à décortiquer le relooking de Ségolène Royal, puis les garde-robes de Rachida Dati et de Nathalie Kosciusko-Morizet, sans oublier le style impeccable de Christine Lagarde qui a même fini par poser dans les pages du Vogue américain.

Et les hommes non plus n’ont pas échappé à ce décryptage. Dans le magazine GQ, on apprend notamment que Nicolas Sarkozy commande ses costumes chez Georges de Paris, un tailleur situé à Washington dont les autres clients s’appellent Barack Obama ou Dominique Strauss-Khan. François Hollande, lui, a fait appel à Mustapha, l’ancien tailleur de Nicolas Sarkozy. Et puis côté cravate on découvre que François Bayrou en a toujours un stock dans le coffre de sa voiture, que Nicolas Sarkozy les aime en grenadine de soie, et que François Hollande fait une fixette sur le nœud en goutte d’eau.

Difficile pourtant de connaître l’influence réelle du physique sur le bulletin de vote. A travers les sondages, en France particulièrement, peu sont les électeurs qui avouent avancer le critère esthétique dans leur penchant pour un candidat.

 

Dans ce grand jeu de séduction, gare, toutefois, à l’effet boomerang renvoyé par les urnes… « Si elle n’est pas assortie d’humanité, la beauté peut agacer l’électeur et devenir un handicap, avertit Marc Vanghelder. Quand on a rien à proposer, la beauté dessert. »*

Les conseillers en communication le savent bien, tout l’enjeu consiste à utiliser l’avantage physique sans que l’électeur ne s’en aperçoive. Un art subtil que tous ne savent pas manier…

En Inde par exemple, aucune femme politique ne portera de sac à main car considéré comme un signe de frivolité. Une frivolité qui a coûté cher à certains du côté français. On pense à la rolex de Nicolas Sarkozy ou au penchant de Rachida dati pour les tenues Dior, sans oublier l’incident de la bague Chaumet, que la garde des sceaux portait à la main gauche. Le bijou estimé à 15 000 € avait tout simplement été effacé d’une photo parue à la Une du Figaro et ce pour éviter la polémique d’après le quotidien. Enfin aux Etats-Unis, les 150 000 $  investis dans le look et le maquillage de Sarah Pallin en 2008 avait également révolté le pays.

Bref la mode n’ a pas fini de s’inviter dans l’isoloir !

 

* Propos recueillis par le magazine Elle – Février 2006

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